Frère de l’Esprit, Gabriel :
«Joseph, Joseph, fais tes bagages ! Vous devez quitter Bethléem, vous êtes en grand danger!» C’est ainsi que Joseph avait entendu la voix en lui, mi-éveillée, mi-endormie. C’était ma voix, qu’il connaissait déjà. Il a immédiatement réveillé Marie et ils étaient tout de suite sur pied, en train de tout rassembler. Marie voulait encore dire au revoir à Salomé la bienveillante, mais j’ai pressé Joseph de se dépêcher, car il n’y avait pas de temps à perdre. Joseph et Marie ont donc quitté la grotte avec le nouveau-né, dans laquelle ils avaient vécu tant de choses difficiles et belles.
Les trois mages étaient sur le chemin du retour, intériorisés et comblés par ce qu’ils avaient vécu. Cependant, ils voulaient voir Hérode, comme ils l’avaient promis, pour lui raconter leur rencontre. Moi, Gabriel et leurs anges gardiens, nous avons essayé de leur donner des impulsions. Nous voulions leur faire comprendre qu’ils ne devaient pas aller voir Hérode. Mais nous n’y parvenions pas, car ils ne semblaient pas pouvoir nous entendre. Ils se sont donc rapprochés de plus en plus de Jérusalem. Les premiers soldats qui gardaient la ville les avaient déjà vus. Soudain, Balthasar a trébuché sur une racine et ils ont dû faire une pause pour soigner son pied avec une pommade à base de plantes. J’ai agi intensément sur lui et lui ai donné l’impression qu’ils n’iraient pas à Jérusalem, ni au palais. Finalement, il a réussi à absorber ce message et a dit: «Je pense que nous ne devrions pas aller au palais. J’ai un très mauvais pressentiment quand j’y pense! Et si Hérode n’est pas sincère?» Ensemble, les trois sages se sont écoutés à l’intérieur et sont arrivés à la conclusion qu’il valait mieux ne pas s’arrêter au palais ni même aller à Jérusalem.
Les gardes de la cour avaient déjà informé Hérode que les trois rois allaient bientôt arriver, et il les attendait donc avec impatience. Mais les heures passaient et ils n’arrivaient pas au palais. Hérode était très en colère et considérait cela comme une insolence. Comment ont-ils pu le faire attendre? Qui était-il ? Il était de plus en plus irrité et furieux, jusqu’à ce qu’il se rende compte que les trois rois ne viendraient pas au palais pour l’informer.
Hérode a envoyé ses soldats à la recherche des rois, comme il les appelait, mais personne à Jérusalem ne les avait vus, personne n’en avait entendu parler! Hérode le puissant a envoyé ses soldats dans les villages environnants. Ils devaient découvrir où les mages avaient été vus et où ils avaient séjourné. Avec leurs chameaux, ils avaient déjà attiré l’attention des habitants des villages et c’est ainsi que les soldats ont annoncé au roi qu’ils avaient été vus pour la dernière fois à Bethléem.
C’est alors qu’un autre questionnement intense a commencé: qui avait vu quoi et où? Certains savaient que des chameaux avaient campé devant le village. Ils étaient étonnés, mais d’un autre côté il est arrivé plus d’une fois que des caravanes de chameaux passent devant le village. Avec ces informations, les soldats d’Hérode se sont rendus au palais et ont rapporté à leur roi ce qu’ils avaient découvert.
Hérode était furieux, complètement hors de lui! De plus, ses soldats ne connaissent rien de concret, personne ne sait rien d’un roi nouveau-né, il n’y a que des rumeurs sur un enfant né dans les grottes près de Bethléem.
Hérode avait pris au sérieux les interprétations des sages. Il a consulté ses conseillers et les astrologues qui avaient vu l’étoile, pensant qu’elle avait une signification particulière et pouvait indiquer la naissance d’un nouveau roi. Hérode avait l’habitude de faire respecter ses ordres et sa volonté. Le fait que les rois aient eu l’audace de ne pas lui faire de rapport, de lui cacher leur supposée découverte, l’a rendu encore plus furieux, voire imprévisible.
Fou de rage, Hérode donna l’ordre de tuer tous les nouveau-nés et les garçons de moins de deux ans à Bethléem. L’officier qui devait recevoir cet ordre a été frappé comme un coup de poing! Lui-même venait de devenir père, il vivait lui aussi à Bethléem et c’était son premier-né. Comment pouvait-il exécuter cet ordre cruel? Il ne le pouvait pas ! Il a refusé d’obéir à son roi. L’officier a été reconnu coupable de trahison aux yeux de tous et a été immédiatement décapité sur place. Les soldats ne devraient pas avoir de conscience, ils devraient exécuter ce qu’on leur ordonne et être fidèles à leur roi. Ce refus d’obéir aux ordres ne faisait qu’attiser la colère et la rage d’Hérode. Rien ne pouvait l’arrêter.
C’est ainsi que commença le chapitre peu glorieux où Hérode donna l’ordre de tuer des enfants innocents parce qu’il craignait qu’un nouveau roi ne remette en question son trône, ses titres, son honneur, son pouvoir et celui de son clan. Cet infanticide est entré dans l’histoire. La souffrance, la douleur incommensurable des mères a été gravée dans leur âme et beaucoup ne sont toujours pas guéries aujourd’hui. Elles portent dans leur âme la souffrance, le souvenir d’une impitoyabilité sans pareille.