Marie brillait de quelque chose de nouveau, elle avait trouvé l’accomplissement de la mère. Elle était silencieuse et repliée sur elle-même, essayant ainsi de saisir ce qui se passait dans la grotte, dans l’invisible. Ils n’étaient pas seuls, ils étaient entourés d’une sorte de louange qui remplissait la grotte. C’était perceptible, ce n’était pas visible et pourtant évident. Marie connaissait ce sentiment, cette sensation et ce pressentiment intérieurs qui n’avaient rien à voir avec la réalité extérieure.
Lorsque Joseph a dit qu’il allait à Bethléem pour chercher de la nourriture, Marie n’a pas du tout compris comment il pouvait penser à la nourriture à ce moment-là. Elle l’a regardé avec étonnement. Il le savait déjà, mais il laissait toujours Joseph sans défense. Il ne comprenait pas pourquoi elle était si étonnée, mais il avait l’impression qu’elle était intérieurement très loin, comme enveloppée dans une autre réalité. À ce moment-là, il ne savait pas quoi faire, devait-il attendre ou se retirer? D’une certaine manière, il avait l’impression de la déranger ou de la ramener aux banalités de la vie matérielle. La relation entre Marie et Joseph a été entravée par l’âge de Joseph, qui accordait souvent plus d’importance à certaines règles qu’à ses sensations et à sa conscience. Marie avait un cœur attentif, elle écoutait les non-dits, elle percevait aussi la profondeur des événements qui se déroulaient, elle réfléchissait au fond et le gardait dans son cœur.
Ils ont entendu quelqu’un arriver et ont tous deux regardé avec surprise vers l’entrée de la grotte rocheuse. Marie a entouré son enfant de son manteau et l’a caché dessous. «Bonjour», a dit la voix qu’ils ont reconnue comme étant celle qui les avait sauvés la veille, la femme qui avait eu pitié d’eux et leur avait montré cet abri. Chargée de couvertures et de draps, d’eau fraîche, d’un grand panier contenant du pain, du lait, du miel, des noix, des dattes et des figues, elle a déposé ses cadeaux aux pieds de Marie. «Il faut que tu manges, l’accouchement demande beaucoup de force!» Marie lui a souri, a mis son manteau de côté et a montré son enfant à la femme qui les avait tant aidés. Celle-ci a pris place sur la paille à côté d’elle. Le nouveau-né a commencé à s’agiter joyeusement, il s’est animé comme s’il voulait raconter et dire quelque chose. La femme avait les larmes aux yeux. Tous les trois regardaient le petit paquet qui semblait rayonner tant de joie et d’amour. «Les petits enfants sont toujours un cadeau, toujours un salut du ciel, un miracle, mais il y a un charme particulier autour de cet enfant», pensait Salomé, qui ressentait une grande joie d’avoir pu aider cet enfant et cette très jeune femme. Elle leur fournissait à tous tout ce dont ils avaient besoin et elle était particulièrement heureuse de pouvoir être près de l’enfant. Elle aidait la jeune mère et ressentait une particularité qui entourait cette relation mère-enfant. Lorsqu’elle arrivait à la grotte, elle se sentait comme élevée et remplie d’une manière particulière, comme si elle n’avait attendu que d’aider cette femme et cet enfant. Elle a donc apporté tout ce qu’elle pouvait à la grotte, si bien que Marie a eu du mal à accepter sa générosité, mais elle a aussi reconnu que c’était l’aide de Dieu qu’ils pouvaient recevoir par des personnes. Elle a donc prié pour Salomé, a intercédé pour elle et a remercié Dieu pour l’aide qu’il leur envoyait.